Est-ce le malheur qui fait le bonheur, et le bonheur qui fait le malheur ?

Faut-il avoir été malheureux pour apprécier le bonheur,
et le bonheur peut-il engendrer le malheur ?

Ne croyez pas que l'automne me rende triste, pas du tout, mais une idée m'a traversée la tête il y a toute à l'heure, alors j'ai aussitôt inventé une anecdote pour l'illustrer, et je l'ai naturellement habillée au couleur de l'automne
A ne pas lire, donc, si vous êtes dépressif
A moins ... que les malheurs de Diogène vous fassent apprécier votre bonheur.

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Il vivait pas très loin d’Anduze, un village au sud des Cévennes
Il s’appelait … Voyons, comment s’appelait-il ? Personne ne le savait plus trop, on l’appelait « Diogène »
- Diogène, eh té ! c’est le fada qui vit dans une grotte ! dit la commère
- Il n’est pas fada, répond l’institutrice, c’était le patron d’une grande entreprise !
-  Ouais mais tu m’escagasses, n’empêche qu’il a fait faillite, et il est devenu fada !
- Bien moins fada que toi !  Il a choisi cette vie, la liberté, plus de stress, plus de contraintes, tiens si je n’avais mes petits, je ferais comme lui, il est heureux, lui !

Heureux, Diogène l’était, il n’avait plus rien, mais il était libre
Ses années où il avait été patron avaient été épouvantables, travail harassant, soucis permanents, les employés qui le dénigraient, le fisc inquisiteur, et la réputation d’incompétence parce qu’il ne s’en sortait pas.
Maintenant, plus de contraintes, Il vivait dans une grotte à côté du gardon, les jours de marché, il allait dans les villages voisins, on lui donnait quelques fruits, une tranche de jambon, quelques olives, parfois une baguette de pain, il grappillait le reste un peu partout, pas besoin de voler, dans notre société, les gens jettent de plus en plus.

Le seul petit problème, l’hiver, il avait froid, mais en ce début septembre, Diogène était heureux, il n’avait jamais été si heureux, et je ne sais pas si vous, vous êtes aussi heureux.
Et c’est ce jour-là qu’il rencontra Roussette
Roussette était une ado qui devait avoir 15 ou 16 ans, mal dans sa peau, qui venait de fuir de chez ces parents, elle semblait se cacher de tous. Mais Diogène, elle le connaissait, il n’était pas comme les autres, elle lui sourit, il s’approcha, ils se parlèrent
Bien sûr Diogène, même s’il n’avait pas eu d’enfants, même s’il ne s’était jamais marié, connaissait les ados, et il savait que l’histoire de Roussette était sans doute très exagérée, mais il avait envie d’y croire :
Son père ne faisait jamais attention à elle, piquait des crises de colère quand il avait trop bu, et sinon s’enfermait dans sa chambre quand il revenait du boulot, ils ne se voyaient que le soir à table et n’échangeaient pas un mot.
Sa mère l’engueulait toujours, la dénigrait et la rabaissait sans arrêt, bref, arrêtons ce triste constat : Roussette était malheureuse
Diogène essaya bien de la convaincre de rentrer chez elle, mais ces mots n’étaient pas très crédibles, il n’y croyait pas lui-même, il n’avait pas envie d’y croire, il avait l’impression d’être encore plus heureux si la jeune fille restait une ou deux heures avec lui.

Ce n’est pas quelques heures qu’est restée Roussette, mais plus d’un mois ; les gendarmes l’ont cherchée partout, ils sont venus fouiller les grottes, et plus encore celle de Diogène. Mais l’hermine connaissait des recoins cachés où s’est dissimulée la fugueuse.
Roussette vivait avec lui, elle ne sortait que la nuit pour ne pas être repérée et, contre toute logique, se sentait plus heureuse dans ce parfait dénuement que dans le confort familial.
Pour la première fois de sa vie Diogène a volé, il fallait bien des vêtements propres pour la pitchoune, et il ne fallait pas se faire repérer
Et que les esprits chagrins ne s’égarent pas : aucune ambiguïté dans leur relation ! pour lui cette jeune fille était une enfant, peut-être une amie, peut-être la fille qu’il n’avait pas eue, qu’importe, ce n’est pas à moi de décider ce qui se passait dans sa tête, pas plus que je n’ai envie de le juger pour avoir soustrait une ado à ses parents, à ses amis, à la société.
Et puis, ça devait arriver, le bruit circula qu’on « aurait » aperçu Roussette près des grottes, et Diogène en entendit parler dans des termes accusateurs : "le vieux fada pédophile aurait enlevé la petite".
Diogène en parla à Roussette, il fallait mieux se cacher.
Mais la jeune fille avait compris : si on la trouvait là, Diogène serait accusé, et même si elle témoignait, elle était mineure, il serait jeté en prison

Alors le lendemain en se réveillant, Diogène trouva un mot : elle était rentrée, elle raconterait à tous qu’elle avait suivi un garçon à Paris, puis qu’ils avaient rompu
Diogène n’avait plus pleuré depuis l’âge de 6 ans, c’est pourquoi on ne crut pas le pécheur qui parlait des larmes du fada. Du moins pas ce jour là.
Et Diogène réfléchit :
Est-il logique que pour comprendre son bonheur, il faut avoir été malheureux ?
Mais n’est-il pas encore plus étrange qu’alors qu’on était bien, et qu’on a connu un bonheur inattendu, on se trouve épouvantablement malheureux quand il disparait, alors qu’on s’en passait très bien avant ?

C’est le malheur qui fait le bonheur, et le bonheur qui fait le malheur ?



Le 14 octobre 2017, l’arbre centenaire qui se penchait sur le gardon couvrit respectueusement de ses feuilles jaunies le corps d’un homme qui flottait à côté de lui, celle d’un philosophe qui n’avait pas trouvé réponse à ses questions, un philosophe qui avait eu le malheur … de connaitre le bonheur.

Ton histoire me laisse pantoise ! 
C'est une jolie fable oh combien réelle... les gens qui n'ont rien....ne sont malheureux que s'ils se comparent....oui ! ils sont généreux de ce qu'ils ont : un état d'esprit bienveillant du moins pendant un temps;

parce que la misère, la vraie, ça use tout de même le tempérament...et même les cloches qui le sont par choix n'échappent pas à cette auto destruction !

J'en ai connu de ces bons samaritains, vrai ils existent, rares....

La souffrance et le manque aigrissent immanquablement ...

Le malheur et la souffrance, pour arriver à les sublimer , il faut être très fort (Eluard : Capitale de la douleur ! )

Spoiler:

Belle et triste histoire que celle de Diogène, Elfe Noir...
Il y a plusieurs réponses à ta question, selon le ressenti de la personne qui a connu le bonheur et puis qui l'a perdu...
Il y a celle qui va se concentrer sur le bonheur vécu et qui va le garder pour en faire son plus beau souvenir..
Et puis, il y a évidemment cette personne qui va trouver que ce bonheur lui laisse trop de regrets et qui ne va pas pouvoir s'en guérir...d'où le malheur qui va en découler !

  Elfe Noir très belle histoire

Pour la première partie de la question, nous pouvons nous dire que le fait d'avoir été ou d'être malheureux peut nous donner tendance à nous focaliser sur les simples plaisirs de la vie, manger, dormir, discuter avec quelqu'un. Ne dit-on pas qui est heureux se contente de peu ?

voilà Trichemire :..être capable de se contenter de peu     

Elfe Noir a écrit:

Faut-il avoir été malheureux pour apprécier le bonheur,
et le bonheur peut-il engendrer le malheur ?

Ne croyez pas que l'automne me rende triste, pas du tout, mais une idée m'a traversée la tête il y a toute à l'heure, alors j'ai aussitôt inventé une anecdote pour l'illustrer, et je l'ai naturellement habillée au couleur de l'automne
A ne pas lire, donc, si vous êtes dépressif
A moins ... que les malheurs de Diogène vous fassent apprécier votre bonheur.

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Il vivait pas très loin d’Anduze, un village au sud des Cévennes
Il s’appelait … Voyons, comment s’appelait-il ? Personne ne le savait plus trop, on l’appelait « Diogène »
- Diogène, eh té ! c’est le fada qui vit dans une grotte ! dit la commère
- Il n’est pas fada, répond l’institutrice, c’était le patron d’une grande entreprise !
-  Ouais mais tu m’escagasses, n’empêche qu’il a fait faillite, et il est devenu fada !
- Bien moins fada que toi !  Il a choisi cette vie, la liberté, plus de stress, plus de contraintes, tiens si je n’avais mes petits, je ferais comme lui, il est heureux, lui !

Heureux, Diogène l’était, il n’avait plus rien, mais il était libre
Ses années où il avait été patron avaient été épouvantables, travail harassant, soucis permanents, les employés qui le dénigraient, le fisc inquisiteur, et la réputation d’incompétence parce qu’il ne s’en sortait pas.
Maintenant, plus de contraintes, Il vivait dans une grotte à côté du gardon, les jours de marché, il allait dans les villages voisins, on lui donnait quelques fruits, une tranche de jambon, quelques olives, parfois une baguette de pain, il grappillait le reste un peu partout, pas besoin de voler, dans notre société, les gens jettent de plus en plus.

Le seul petit problème, l’hiver, il avait froid, mais en ce début septembre, Diogène était heureux, il n’avait jamais été si heureux, et je ne sais pas si vous, vous êtes aussi heureux.
Et c’est ce jour-là qu’il rencontra Roussette
Roussette était une ado qui devait avoir 15 ou 16 ans, mal dans sa peau, qui venait de fuir de chez ces parents, elle semblait se cacher de tous. Mais Diogène, elle le connaissait, il n’était pas comme les autres, elle lui sourit, il s’approcha, ils se parlèrent
Bien sûr Diogène, même s’il n’avait pas eu d’enfants, même s’il ne s’était jamais marié, connaissait les ados, et il savait que l’histoire de Roussette était sans doute très exagérée, mais il avait envie d’y croire :
Son père ne faisait jamais attention à elle, piquait des crises de colère quand il avait trop bu, et sinon s’enfermait dans sa chambre quand il revenait du boulot, ils ne se voyaient que le soir à table et n’échangeaient pas un mot.
Sa mère l’engueulait toujours, la dénigrait et la rabaissait sans arrêt, bref, arrêtons ce triste constat : Roussette était malheureuse
Diogène essaya bien de la convaincre de rentrer chez elle, mais ces mots n’étaient pas très crédibles, il n’y croyait pas lui-même, il n’avait pas envie d’y croire, il avait l’impression d’être encore plus heureux si la jeune fille restait une ou deux heures avec lui.

Ce n’est pas quelques heures qu’est restée Roussette, mais plus d’un mois ; les gendarmes l’ont cherchée partout, ils sont venus fouiller les grottes, et plus encore celle de Diogène. Mais l’hermine connaissait des recoins cachés où s’est dissimulée la fugueuse.
Roussette vivait avec lui, elle ne sortait que la nuit pour ne pas être repérée et, contre toute logique, se sentait plus heureuse dans ce parfait dénuement que dans le confort familial.
Pour la première fois de sa vie Diogène a volé, il fallait bien des vêtements propres pour la pitchoune, et il ne fallait pas se faire repérer
Et que les esprits chagrins ne s’égarent pas : aucune ambiguïté dans leur relation ! pour lui cette jeune fille était une enfant, peut-être une amie, peut-être la fille qu’il n’avait pas eue, qu’importe, ce n’est pas à moi de décider ce qui se passait dans sa tête, pas plus que je n’ai envie de le juger pour avoir soustrait une ado à ses parents, à ses amis, à la société.
Et puis, ça devait arriver, le bruit circula qu’on « aurait » aperçu Roussette près des grottes, et Diogène en entendit parler dans des termes accusateurs : "le vieux fada pédophile aurait enlevé la petite".
Diogène en parla à Roussette, il fallait mieux se cacher.
Mais la jeune fille avait compris : si on la trouvait là, Diogène serait accusé, et même si elle témoignait, elle était mineure, il serait jeté en prison

Alors le lendemain en se réveillant, Diogène trouva un mot : elle était rentrée, elle raconterait à tous qu’elle avait suivi un garçon à Paris, puis qu’ils avaient rompu
Diogène n’avait plus pleuré depuis l’âge de 6 ans, c’est pourquoi on ne crut pas le pécheur qui parlait des larmes du fada. Du moins pas ce jour là.
Et Diogène réfléchit :
Est-il logique que pour comprendre son bonheur, il faut avoir été malheureux ?
Mais n’est-il pas encore plus étrange qu’alors qu’on était bien, et qu’on a connu un bonheur inattendu, on se trouve épouvantablement malheureux quand il disparait, alors qu’on s’en passait très bien avant ?

C’est le malheur qui fait le bonheur, et le bonheur qui fait le malheur ?



Le 14 octobre 2017, l’arbre centenaire qui se penchait sur le gardon couvrit respectueusement de ses feuilles jaunies le corps d’un homme qui flottait à côté de lui, celle d’un philosophe qui n’avait pas trouvé réponse à ses questions, un philosophe qui avait eu le malheur … de connaitre le bonheur.

Jolie et triste histoire.
La reponse sur l' anteriorite du bonheur ou du malheur qui genererait son contraire n' est pas évidente

Un esquimau qui ne connait pas le refrigerateur ne peut pas être malheureux de ne pas en avoir un...  
Pareil pour un Tahitien qui ne connaitrait pas la lampe à bronzer...

sans lumière, pas d'ombre, chaque yin a son yan (yang ?)

le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres
quand au bonheur des autres ,il provoque souvent la jalousie  des uns !

Cépafo.